10 septembre 2006

Lamine et Kinglsey

Les journaux espagnols regorgent d'articles consacrés à l'immigration clandestine. Aujourd'hui El Païs commentait la rencontre des ministres de l'intérieur du Sénégal et de l'Espagne pour régler la crise diplomatique qui fait rage entre les deux pays. En effet l'Espagne a signé des accords de rapatriement forcé avec de nombreux pays africains d'où partent les emmigrés, mais pas avec le Senegal, qui se trouve être le principal pays d'origine des pirogues (cayucos) qui arrivent chaque jour aux Canaries.

- Au moment même ou j'écris une manifestation d'intependantistes catalans passe en criant des slogans et agitant des drapeaux jaune et rouges; demain c'est la fête de l'indépendance -

Et justement la semaine dernière j'ai rencontré dans le train entre Barcelone et Milan un jeune sénégalais qui avait fait la traversée un mois auparavant ! Il était en face de moi dans la cabine, et lorsque le contrôleur lui a demandé ses papiers, il a hoché la tête négativement. Peu après je lui ai demandé si il "était arrivé par la mer ?" Ce à quoi il a répondu par l'affirmative.

Voici ce qu'il m'a raconté: Il s'appelle Lamine, originaire du Sénégal, et il a fait 8 jours de mer sur une pirogue en compagnie de 84 autres personnes. Lorsqu'il sont arrivés sur les plages des Canaries les touristes les ont applaudis. Tous ceux de son voyage sont arrivés vivants; ils étaient parti avec deux sacs de riz, deux sacs de coucous et beaucoup d'eau. Ils buvaient beaucoups. Le huitième jour l'eau était terminée mais il restait un sac entier de riz. Sur le navire ils avaient chanté des chants à la gloire d'Allah. Un tiers des passagers étaient des pêcheurs; ces derniers ne payaient pas le voyage, mais aidaient à la navigation et à la préparation des repas. Il m'a dit que tous les pêcheurs sénégalais partent pour l'Europe.
Une fois aux mains de la police espagnole, il est passé par ce qu'il a appellé la "force 28" Il s'agit d'un camp de détention au Canaries, où il a été bien traité. Après 14 jours il a été tranféré par avion a Madrid, vers au autre camps pour 14 autres jours. Et ensuite on l'a libéré, parce qu'il était sénégalais. Les Ghanéens qui faisaient partie du voyage ont été, eux, mis dans un avion et renvoyés chez eux. (Voilà à quoi servent les accords de collaboration entre l'Espagne et les pays d'Afrique de l'ouest.)

L'autre histoire est celle de Kingsley, un Camérounais qui a fait un autre voyage qui a fait l'objet d'un epoustouflant reportage photo que je vous recommande absolument. (cliquer sur le titre)