En avril 1959, l'artiste
Meret Oppenheim organise à Berne la "Frühlingsfest", une fête de printemps.
La lumière consistait seulement de bougies. Au millieu de la pièce se trouvait une table longue et étroite, couverte d'une nappe blanche qui tombait jusqu'au sol. Une jeune fille était allongée dessus. J'avais couvert ses pieds et le bas de ses jambes de serviettes blanches; le visage et la gorge était dorés (une crème à base de bronze et vaseline). Le tête (les cheveux tirés en arrière) était couverte de roses et de mimosas, depuis lesquelles des fruits confits de toutes les couleurs tombaient en cascade jusqu'aux épaules. Sur les cuisses j'avais placé les langoustes, avec les antennes vers le haut. Ensuite venaient les hors d'oeuvre (Langoustes et mayonnaise), un gros streak tartare, ensuite une ceinture de chapignons crus avec de la crème. Sur les seins droit et gauche de la crème fouettée avec respectivement du chocolat rapé et de la purée de fraises, le tout constellé de violette confites. Le long du torse et des bras étaient calés des biscuits langue de chat. Un tapis d'anémones des bois recouvrait la surface de la table que le corps laissait libre. Là au milieu étaient placés cinq vers à champagne, mais naturellement il n'y avait ni assiettes ni couvert.
A la demande d'André Breton, l'évènement sera reproduit à Paris en décembre 1959 pour l'inauguration de l'exposition internationale du surréalisme à la gallerie Daniel Cordier.
Une des rares photographie de l'évènement, où l'on voit un homme, cigarette à la main, penché au-dessus de la femme-festin, déclencha une polémique sur la représentation de la femme, qui déplut à l'artiste. Comme elle s'en explique elle-même:
Also nicht "die Frau als Lustobjekt für die Männer". Sondern ein Frühlingsfest, ich möchte sagen ein Frühlings - Fruchtbarkeit - Ritual für alle.
Les citations sont extraites de "Frühlingsfest Bern, April 1959", par Meret Oppenheim. Archives littéraires suisses SLA-MO-DB-A-06/2.