26 juillet 2006

Résultats de la conférence de Rome sur la guerre au Liban



Un million de réfugiés au Liban, déjà plus de 50 morts. Les images d'enfants brûlés qu'on trouve sur le net sont insoutenables.
Depuis mon appart à Terni, à une heure de Rome, j'attends devant la télé la conférence de presse en direct. Je regarde les 900 journalistes entassés au ministère des affaires étrangères. Il y a beaucoup d'excitation dans la voix du journaliste qui commente l'attente, comme si les puissants allaient sortir de la salle et dire:" Voilà on s'est mis d'accord ! Dès cet instant un cessez-le feu illimité est déclaré ! " Si seulement !

Une heure après la conférence de presse n'a toujours pas commencé, ça en dit long sur les conclusions à venir....

Néolibéralisme = Néofondamentalisme

Et si la mondialisation et l'islamisme radical étaient la même chose ?
Un auteur français, Olivier Roy, soutient que certains principes identiques sous-tendent les deux idéologies.

En effet, les deux s'adressent à des individus abstraits, des "personne", dont les pratiques, sociales ou religieuses, sont supposées uniformes.
Il n'y aurait donc pas de différence entre un espagnol et un croate sur l'exercice de la liberté, du commerce et de la démocratie, et il n'y aurait pas de différence entre un tunisien et un irakien dans leur pratique religieuse.

Ces tendances à l'universel refusent délibérément l'idée même d'évolution, de la notion de culture, ancrée dans l'espace et dans le temps. Pire encore, cette double tendance à des mondes uniformes, et opposés, semble rendre inévitable une guerre sans fin.

Alors la question est la suivante: si ces théories sont fausses, et nombreux sont ceux qui en sont déjà convaincus, qui sont ceux qui veulent tant nous convaincre, et pourquoi ?

23 juillet 2006

Napulè - Italia - 21/07/2006



Napoli, l'avant-poste du sud de l'Italie. Ici commence la "seconda Italia". Napoli possède son dialecte, ses chansons, sa mafia, sa cuisine, ses femmes, et chacune d'entre elles est célébrée et crainte par tout le pays.

Dans le journal "La Repubblica" d'aujourd'hui, on y lit une manifestation de chauffeurs fascistes de taxi à Rome, les suites du procès des matches truqués, une description détaillée de l'enlèvement sur l'ordre de la CIA d'un immam par les services secrets italiens (avec photos des agents), et l'histoire de l'ancien responsable de la sécurité de Telecom Italia retrouvé coupé en morceaux à la scie éléctrique.

20 juillet 2006

De l'Italie du centre au sahara occidental (1)




A priori rien ne devait réunir le paisible bourg médiéval de Narni, en Ombrie, aux dunes de sables du lointain Sahara Occidental, territoire sahrawi contesté entre le Maroc et le Front Polisario. Mais voilà. Au hasard d'une visite dans ce village proche de Terni, où je me trouve actuellement, une incroyable chaîne d'évènements s'est révélée à moi. Voici l'histoire:


Au moyen âge, en Italie, l'Eglise catholique remplissait la plupart des fonctions d'aide sociale assumées aujourd'hui par l'Etat. L'une d'elle était l'accueil et l'éducation des enfants abandonnés. Ces institutions, tenues par des soeurs religieuses, s'appellaient "Brefotrofio". A droite de la porte d'entrée, on peut remarquer une lucarne, aujourd'hui condamnée. La roue - la "ruota" comme on l'appelle ici - servait à déposer les enfants en tout anonymat.



Le brefotrofio "Beata Lucia" de Narni, fondé par le pape Clément XII en 1739, était une institution florissante. De nombreuses terres agricoles et possessions immobilières lui assuraient des revenus confortables qui servaient à l'éducation des enfants abandonnés selon les principes de la religion catholique. Pendant la deuxième guerre mondiale, parmi les enfants qui commencèrent leur existence en passant par la roue, se trouvaient les premiers enfants métisses qu'on ait vu de mémoire d'Italien, fils des unions passagères, plus ou moins volontaires, entre libérateurs afro-américains et jeunes italiennes.

Les activités du brefotrofio se poursuivirent encore paisiblement jusqu'en 1974, date à laquelle le gouvernement italien réforma le code de la famille, en instaurant le principe de la famille d'accueil. Mais la vraie catastrophe arriva l'année suivante. En 1975 l'Italie vota la légalisation de l'avortement. Sans enfants illégitimes, le brefotrofio perdait sa raison d'être.

En moins de trois ans le brefotrofio dû fermer ses portes, et les soeurs furent renvoyées vers d'autres hôpitaux. L'Etat ordonna de dissoudre l'institution. Mais le conseil d'administration fit recours contre la sentence, et obtint le maintien de son existence. L'enjeu était bien évidemment la propriété des biens immobiliers de "Santa Lucia", ses terres, ses maisons.


Pendant 30 ans plus rien ne se passa. Et lorsque l'année dernière l'institut décida de reprendre ses activités, après avoir épongé ses dettes en vendant une - petite - partie de ses biens à la commune, qui il décida d'accueillir en premier ?
Des enfants du Sahara Occidental !

L'intéressant de cette petite histoire, c'est qu'on y retrouve en filigranes tout les rapports de pouvoir et d'argent entre Eglise et Etat en Italie.